BismiLLehi ar-Rahmâni ar-Rahîm
Le terme soufisme est un terme qui n’était pas connu des trois meilleures générations, il est apparu dans les paroles (des gens) après cette période. Il a été utilisé dans les discours par plus d’un des imâms et SHeikhs, comme l’imâm Ahmad Ibn Hanbal, Abî Souleimân Ed-Dârânî et d’autres qu’eux. [1]
Les anciens pieux appelaient les gens de religion et de science « les lecteurs », et ils entraient dans cette nomination les savants et les ascètes. Ensuite est venu un nouveau terme après celui-ci qui était « le soufisme et les pauvres ». Le terme soufisme se réfère à ceux qui portaient des vêtements de laine, ce qui est le sens le plus exact (authentique). Il a été dit qu’il vient du mot « Safwah » (des élites) des jurisconsultes, il a été dit aussi que cela vient de Soûfah Ibn Ada Ibn Tânidjah, une tribu arabe connue pour son ascétisme ; ou encore des gens de Soufah ; ou de Safâ (de la montagne à la Mecque) ; ou du mot Safwah, ou de l’expression « Saff El-Mouqadam bayna yaday Allâh » (le premier rang entre les mains d’Allâh). Toutes ces paroles sont faibles, et si toutes étaient considérées comme telles, alors le mot serait plutôt « Safî » ou « Safâ’i » ou « Safawî », mais on ne dirait pas « Soufî ». Pour ce qui est du terme « Fouqarâ » (pauvres, indigents), il est utilisé pour signifier les gens du Souloûk (Itinérants à la voie vers Allâh), et cette désignation est une chose nouvelle. Les gens ont divergé quant au fait de savoir qui est le meilleur entre celui qui est nommé « Soufî » et celui qui est nommé « Faqîr » (pauvre), de même qu’ils ont divergé afin de savoir qui est le meilleur entre le riche reconnaissant et le pauvre patient, et il y a sur cela un désaccord bien ancien entre al-Djouneid et Abî El-‘Abbâs Ibn ‘Atâ, et deux opinions ont été rapportées dans ce sens de Ahmad ibn Hanbal à ce sujet [2].
Il ne fait pas parti des conditions du Walî (rapproché) d’Allâh d’être protégé de toute erreur, de ne pas commettre de fautes et ne pas se tromper, mais il est possible que certaines sciences de la loi religieuse lui soient cachées, et il est possible que certaines affaires religieuses lui soient confuses, jusqu’à ce qu’il juge certaines choses parmi ce qu’Il (Allâh) a ordonné et ce qu’Il a interdit. Il est possible qu’il pense que certaines actions miraculeuses soient des Karâmât (prodiges) des rapprochés d’Allâh ﷻ alors qu’elles proviennent en réalité de Satan qui l’a trompé du fait de la déficience de son niveau (et de sa science), et il n’a pas vu que cela provenait de Satan. Il ne sort pas pour cela des rapprochés d’Allâh ﷻ, car Allâh ﷻ a pardonné à cette communauté (les actions commises) par erreur, oubli ou contrainte [3].
Les gens (savants) ont divergé quant au fait de leurs voies (aux soufis). Un groupe d’entre eux a dit qu’ils étaient des innovateurs et qu’ils sortaient de la voie de la Sounnah. Un des groupes parmi les imâms a tenu ces propos sur eux qui sont bien connus, et certains jurisconsultes le suivirent dans ces paroles. Un autre groupe s’est trompé sur eux, en appelant au fait qu’ils étaient les meilleurs parmi les créatures, et qu’ils étaient les plus parfaits après les prophètes. Ce sont des paroles extrêmement condamnables. Et ce qui est le plus juste sur la question, est qu’ils étaient des gens faisant des efforts (dans leur consécration) à l’obéissance d’Allâh, comme ont fait des efforts d’autres qu’eux parmi les gens obéissant à Allâh. Il y en avait parmi eux qui étaient proches (d’Allâh) de par leurs efforts, d’autres parmi eux étaient modérés faisant partis des gens de la droite (pieux et sincères). Et dans ces deux catégories, il y a celui qui a fait des efforts et s’est trompé, comme celui qui a commis un péché et s’est repenti ou qui ne s’est pas repenti. Et il y a ceux parmi leurs adeptes qui ont été injustes avec leur propre personne, désobéissant à leur Seigneur.
Et parmi leurs adeptes, il y a des gens de l’innovation et des renégats. Comme il y a eu certains des gens du soufisme véridiques, et d’autres qui ne faisaient pas partis d’eux tel que al-Hallâdj, car un grand nombre de savants de cette voie l’ont blâmé et l’en ont sorti ; à l’exemple de El-Djouneid Ibn Mouhammad Said Et-Tâ-îfah et d’autres que lui. Cela a été mentionné par SHeikh Abû ‘Abder-Rahmân Es-Soulamî dans « Tabaqât Es-Soufiyyah » et par El-Hâfidh Aboû Bakr El-Khatîb dans son ouvrage d’histoire de Bagdad [4]. Celui qui prétend que la voie d’un des savants ou des jurisconsultes, ou que la voie d’un des ascètes ou adorateurs pieux est meilleur que la voie des compagnons du Prophète est fauteur, égaré et innovateur. Aussi, celui qui accorde à toute personne le statut de celui qui fait des efforts (sincères) dans l’obéissance à des erreurs, dans certains domaines mauvais, vicieux et détestables, est fauteur, égaré et innovateur. Ensuite, les gens dans l’amour, la colère, l’alliance et l’hostilité, sont aussi dans ce domaine des personnes faisant des efforts. Ils sont parfois dans la vérité, et parfois dans l’erreur [5].
Les pieux itinérants vers Allâh, comme la majorité des anciens pieux, à l’exemple de Foudheil Ibn ‘Iyâdh, Ibrâhîm Ibn
Adham, Abî Souleimân Ed-Dârânî, Ma’roûf El-Kalkhî, Sarî Es-Saqtî, El-Djouneid Ibn Muhammad et d’autres qu’eux parmi les prédécesseurs, à l’exemple encore de SHeikh ‘Abdel-Qâdir (El-Djilânî), SHeikh Hamâd, SHeikh Abî El-Bayân et d’autres qu’eux parmi les derniers, ne permettaient pas à celui qui suivait le cheminement pieux, et qui prétendait voler dans les airs ou marcher dans l’eau, de ne pas respecter (pour ces prétentions) le commandement et les interdictions de la Législation (d’Allâh). Bien au contraire, ils faisaient ce qui était commandé et repoussaient les choses défendues jusqu’à leur mort. Telle est la vérité qu’indiquent le Livre, la Sounnah et le consensus des anciens pieux. [6]
Sahl Ibn Abdullâh Et-Tastarî a dit : « Toutes choses présentes qui n’a pas comme témoin le Livre d’Allâh et la Sounnah est caduque. » Aboû Souleimân Ed-Dârânî a dit : « Quand une des intuitions des mystiques se présente à moi, je ne l’accepte qu’accompagnée de deux témoins intègres : le Livre (d’Allâh) et la Sounnah. » Aboû Souleimân a aussi dit : « Il n’y a pas une bonne chose qui inspire une personne sans qu’elle ne la fasse, et cela tant qu’elle y trouve une preuve traditionnelle. Et lorsqu’il y a une tradition en cela, c’est une lumière sur une lumière. » El-Djouneid Ibn Muhammad a dit : « Notre science que voici est liée au Livre et à la Sounnah. Celui qui n’a pas retenu le Qor’ân, n’a pas écrit de hadîth, et n’a pas pénétré le sens (des sciences religieuses) ne peut pas servir, en ses paroles, de modèle en notre science. » [7]