BismiLLehi ar-Rahmâni ar-Rahîm

Les Khâridjites ont été les plus mauvais avec les musulmans que quiconque. Il n’y a pas un groupe qui a été aussi mauvais avec les musulmans si ce n’est eux, ni chez les Juifs, ni chez les Chrétiens. Leurs efforts ont été portés sur le fait de tuer tout musulman qui n’était pas en accord avec eux, en rendant licite le sang des musulmans, leurs biens, en tuant leurs enfants et les rendant mécréants. Ils étaient pourtant religieux, mais avec cela, ils portaient à la base l’ignorance, les innovations et étaient égarés. [1]

Les hadîths authentiques sont connus qui décrivent les Khâridjites, les blâment et ordonnent de les combattre du Prophète (ﷺ). Ahmad Ibn Hanbal déclare : « le hadîth concernant les Khâridjites est avéré selon dix voies de transmission. » Mouslim a rapporté dans son Sahîh, les hadîths les concernant selon les dix voies, probablement celles auxquelles Ahmad Ibn Hanbal fait référence, puisque Mouslim a appris auprès de Ahmad. El-Boukhârî a aussi rapporté les hadîths les concernant selon plusieurs voies. Le premier des Khâridjites a dit au Prophète (ﷺ) : « Ô Mouhammad ! Sois juste ! Car tu ne t’es pas montré juste. » Croire que le Prophète (ﷺ) peut être injuste et ne pas être équitable, c’est comme demander qu’on lui obéisse dans l’injustice qu’il aurait commise. Ils imposent cependant, de suivre ce que le Prophète (ﷺ) a transmis d’Allâh, ce qui prouve leur ignorance et leur contradiction. C’est pourquoi le Prophète (ﷺ) a répondu à ce Khâridjite : « Malheur à toi ! Qui fera preuve de justice si je ne le fais pas !? » Et qui ajoute : « Perte et déchéance t’attendent si je ne me montre pas juste ! » C’est-à-dire, tu seras perdu et déchu si tu suis celui qui est injuste. Il a ajouté : « Celui qui est au ciel me ferait-Il confiance et pas vous ? »

Autrement dit : « Si Allâh m’a fait confiance pour transmettre Sa Parole, ne me feriez-vous pas confiance pour que je remplisse mon engagement auprès d’Allâh ? » Donc, celui qui dénigre quoi que ce soit de son jugement ou de son partage, comme les Khâridjites, dénigre le Livre d’Allâh, s’oppose à la Sounnah du Messager d’Allâh (ﷺ), et se dissocie du groupe des musulmans. Le Satan des Khâridjites était puni lorsque les musulmans étaient unis à l’époque des trois Califes : Aboû Bakr, ‘Oumar et ‘Outhmân. Quand la communauté se divisa lors du Califat de ‘Alî (radhiALLÂHou ‘anhou), le Satan des Khâridjites trouva l’occasion pour intervenir. Ils se rebellèrent alors et jugèrent mécréants ‘Alî et Mou’âwiyyah, ainsi que leurs alliés. Le plus proche des deux groupes de la vérité – celui de ‘Alî Ibn Abî Tâlib – les combattit, comme il est avéré dans le Sahîh d’après le Prophète (ﷺ) qui dit : « Sortira un groupe qui déviera à un moment de dissension entre les musulmans. Des deux groupes, le plus digne de la vérité les tuera. » C’est pourquoi ceux qui débattirent avec eux, comme Ibn ‘Abbâs, ‘Oumar Ibn ‘Abdel-‘Azîz et d’autres, leur démontrèrent la fausseté de leur attachement au Livre et à la Balance (El-Mizân), comme le fit Ibn ‘Abbâs. Ils reprochèrent en effet à ‘Alî Ibn Tâlib d’avoir combattu les protagonistes de la bataille du Chameau, et interdit de pourchasser ceux qui avaient fui le combat, de s’en prendre à leurs blessés et de s’emparer de leurs biens et de leurs familles comme butins.

L’argument des Khâridjites était que, dans le Livre d’Allâh, il n’est question que de croyant ou de mécréant. Ainsi, si les ennemis de ‘Alî étaient croyants, il n’était pas permis de les combattre ; et s’ils étaient mécréants, leur sang, leurs biens et leurs progénitures étaient licites. Ibn ‘Abbâs leur répondit que le Qor’ân indique que ‘Âisha est la Mère des croyants et que les Mères de croyants leur sont interdites. Quiconque nie la condition de ‘Âisha de Mère aura transgressé le Livre d’Allâh, et quiconque rend licite le sexe de sa mère aura transgressé le Livre d’Allâh. Leur erreur fut de croire qu’il n’est en aucun cas permis de combattre un croyant. C’est pour cette raison, entre autres, que des Chiites se sont égarés en croyant que celui qui a combattu ‘Alî est mécréant. Or, ceci contredit le Qor’ân. De même, ‘Oumar Ibn ‘Abdel-‘Azîz débattit avec eux et qu’ils acceptèrent l’obligation de revenir à ce que les Compagnons ont transmis du Messager (ﷺ) concernant les obligations de la prière, il leur expliqua que, de la même manière, il fallait revenir à ce qu’ils ont transmis du Prophète (ﷺ) concernant la prescription de la lapidation et le seuil d’imposition de la Zakât. La distinction entre les deux revenant à distinguer deux choses similaires. Ils finirent par l’octroyer. Ibn ‘Abbâs, encore, débattit avec eux lorsqu’ils contestèrent le recours à l’arbitrage des hommes. Il avança qu’Allâh dit au sujet des deux époux : « Si vous craignez le désaccord entre les deux [époux], envoyez alors un arbitre de sa famille à lui, et un arbitre de sa famille à elle. Si les deux veulent la réconciliation, Allâh rétablira l’entente entre eux. » [2] Il ordonna aussi que quiconque en état de sacralisation tue délibérément un gibier, compense alors par quelque bête de troupeau, semblable à ce qu’il l’a tué, d’après le jugement de deux personnes intègres parmi eux. Ainsi, quiconque conteste de manière absolue le recours à l’arbitrage s’oppose au Livre d’Allâh ﷻ. Ibn ‘Abbâs invoqua que le recours à la médiation dans le cas de deux émirs à propos du sang de la communauté, est d’autant plus justifié que dans le cas de deux époux et du sang du gibier. Ce raisonnement de Ibn Abbâs repose sur le raisonnement par analogie de prévalence, ce qui fait partie de la Balance (El-Mizân). Il leur opposa donc l’argument du Livre et de la Balance. [3]

Si ces gens-là dont l’égarement a été établi par les textes et à l’unanimité n’ont pas été excommuniés, bien qu’Allâh et son Prophète aient ordonné de les combattre, que dire alors des autres factions qui n’ont pas discerné le vrai du faux dans des sujets où même certains plus savants qu’eux ont connu la confusion. Il n’est donc pas permis que ces factions se mettent à se juger mécréantes les unes les autres, ou s’approprient le droit de tuer et de prendre les biens de l’autre, quand bien même la faction agressée serait une secte adoptant une ou plusieurs innovations religieuses ; que dire alors du cas où la faction attaquante serait dans un état d’innovation similaire ? Il se pourrait même qu’il soit pire. En effet, dans la majorité des cas, les factions agissant ainsi ignorent la raison de base de leur divergence. [4]

Ils ne sont ni mécréants, ni hypocrites, mais les Khâridjites font partie des croyants. Il est donc permis d’implorer Allâh de leur pardonner et d’être clément envers eux. Lorsque le croyant dit : « Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés sur le chemin de la foi » [5] Il indique toutes les générations passées de la communauté qui ont embrassé cette foi, même si certains d’entre eux se seraient trompés par une mauvaise interprétation, auraient divergé de la Sounnah, ou auraient commis des péchés. Malgré tout, ils restent des frères l’ayant précédé sur le chemin de la foi ; cela serait valable, bien qu’ils fassent partie des 72 sectes, car toute secte a une multitude d’adeptes qui ne sont pas mécréants, mais ils sont plutôt des musulmans égarés, méritant le châtiment pour leur transgression de la même façon que le mérite le commun des croyants.

D’autre part, le Prophète (ﷺ) les a comptés parmi sa communauté et ne les a pas qualifiés de mécréants, et il n’a pas dit non plus qu’ils seraient éternellement en Enfer. Tout cela constitue un principe très important qui doit être respecté. Beaucoup de ceux qui se disent de la Sounnah, commettent des innovations. À la base de l’innovation, il y a les Chiites et les Khâridjites. [6]


[1] Minhâj Es-Sounnat En-Nabawiyyah de Ibn Taymiyyah, 5/248-249
[2] Coran, 4/35
[3] Madjmou’ El-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 19/86-91
[4] Minhâj Es-Sounnat En-Nabawiyyah de Ibn Taymiyyah, 5/282-283
[5] Coran, 59/10
[6] Minhâj Es-Sounnat En-Nabawiyyah de Ibn Taymiyyah, 5/241-242
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